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DES SOCIALISTES PIEDS-NOIRS POUR LA RECONCILIATION DES MEMOIRES

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27 février 2007

Preambule constitutif

DES SOCIALISTES PIEDS-NOIRS

POUR LA RECONCILIATION DES MEMOIRES

Préambule   

 

Dans l’Histoire de France, la colonisation française c’est comme une pièce de monnaie, il y a un coté face et un coté pile. Certains préfèreront le coté face pile, d‘autre le coté face, pourtant cette pièce de monnaie n’aurait plus aucune valeur sans l’un ou l’autre des deux cotés.

 

A partir de cette image, il faut distinguer deux types de colonisations, la colonisation des pays d'Afrique noire où le système colonial a exercé l'esclavage, et, la colonisation de peuplement de l'Algérie, où, il n'y a jamais eu d'esclavagisme, celui-ci, avant 1830 était pratiqué par les ottomans et les barbaresques, les esclaves étant principalement de race blanche et chrétiens.

 

Fort de cette constatation,  on ne peut pas juger le passé avec le regard et la conscience
d'aujourd'hui. Ces systèmes coloniaux odieux, qui paraissent sans aucun doute honteux
aujourd'hui, semblaient normaux à l'époque et d'autres pays pratiquaient des politiques similaires. Les Britanniques, les Portugais, les Espagnols, les Hollandais, ont été colonisateurs
Ceux ne sont pas seulement les Français qui ont inventé ça ! Il faut alors se souvenir du contexte de l’époque, où, les puissances européennes se faisaient la guerre.

 

L'idéologie passéiste et le complexe colonialiste poussent certains en France à la culpabilisation et à la repentance. Cette démarche est unique dans le monde. La culpabilisation et la repentance ne peuvent servir que les extrêmes.

 

Une mise au point est donc  nécessaire pour tout ceux qui se retranchent toujours
derrière les actions passées des uns et des autres, pour éviter tout débat sur tel ou tel moment de la guerre d'Algérie. Pas plus que certains Algériens ne dénonceront globalement l'action du
FLN ; certains Français d'Algérie feront de même pour l'action de l'OAS. Aussi est-il aberrant de demander aux uns ou aux autres, de renier un certain passé d'autant que les différents protagonistes de ces actions sont tous amnistiés et circulent librement en France participant même, de facto, à toute manifestation publique dans les ambassades où les cimetières.

 

Pour nous Pieds-noirs militants socialistes du Var, nous avons décidé de fédérer autant que possible les pieds-noirs et les enfants de pieds-noirs de la région, notamment ceux de la dernière génération qui n'ont pas ou peu connu leur terre de naissance, et organiser ensemble une mémoire collective.

 

Nous prenons la parole pour témoigner que la très grande majorité du peuple pied-noir venait d’origines diverses et était de condition modeste. Très loin des schémas caricaturaux que l’on veut faire du pied-noir colon, exploiteur, riche comme Crésus. Nos parents travaillaient comme cheminot, petit paysan, facteur, policier, employé, travailleur à la chaîne, femme de ménage et d’autres encore.

 

La plupart n’étaient pas racistes. Leur engagement dans la vie de tous les jours ressemblait à celui que l’on retrouvait en France. Ils étaient syndicalistes, élus locaux, de gauche de droite. Tout ceci a été remis en cause par tous ces actes de violence qui ont engendré la violence et la haine, pour arriver à cet exode massif vers la métropole.

 

Pour tous ces Rapatriés d’Afrique du Nord leur  histoire s’est construite pendant de nombreuses années. Chacun a refoulé son histoire, ses douleurs, ses haines, ne pensant qu’à s’intégrer dans la société française.

 

Le fondement d’une nouvelle page de leur histoire s’est faite en travaillant durement, ne pensant qu’à un seul but faire partie de la société française. Pour cela ils se sont mariés , souvent avec des métropolitain(e)s, ils ont eu des enfants, des petits enfants et des arrières petits enfants. Qu’est-ce qui les différencie des autres français ? Rien... Si …leur accent, si caractéristique et  qui sent bon la joie de vivre.

 

Par ailleurs, les pieds-noirs ne sont pas restés étrangers à la vie politique, syndicale et sociale de notre pays. Ils se sont engagés comme acteur et citoyen. Déjà dans leur jeunesse ils avaient fait le constat qu’il y avait des inégalités  de traitement entre les européens et les maghrébins, que ces derniers n’avaient pas tous accès aux mêmes droits.

Aussi, le cheminement de leur engagement a abouti à des choix politiques et sociaux, d’humanisme et de tolérance. Beaucoup d’autres n’ont pas pris la même direction, meurtris par un destin qu’ils n’avaient pas choisi.

 

Pour nous,  Groupe de militants socialistes pieds-noirs, nés en Algérie Française et témoins de la "dernière génération" nous voulons faire connaître notre histoire à nos descendants, passer le flambeau en quelque sorte, avant qu'il ne soit trop tard.

C’est parce que de nombreuses familles n’ont jamais eu de nouvelles du sort de leurs disparus que nous  voulons être partie prenante dans cette démarche. Nous voulons les aider à parler et à lutter contre l'oubli pour que chacun puisse raconter son histoire, parce que "pour savoir où l'on va, il faut savoir d'où l'on vient".

 

Nous demandons donc une loi pour créer une commission d’enquête parlementaire du genre « Outreau » qui aura tous les moyens de recherches et d’investigations, le libre accès à toutes les archives et tous les documents des Ministères,  ainsi que le pouvoir d’auditions d’experts, d’historiens, d’hommes politiques ayant eu un rôle, une fonction lors des évènements de la guerre en Algérie. Cette commission parlementaire (représentative du peuple Français) sera ainsi en mesure de créer une mémoire collective et non sélective.

  

De même, nous voulons que notre représentation soit reconnue, que ce soit à la télévision, dans les médias et au cinéma,. Les pieds-noirs sont souvent représentés par des minorités qui existaient en Algérie, certes, mais qui ne nous ressemblent pas du tout. Dans les débats on ne fait jamais appel aux pieds-noirs, aux vrais gens de la vie quotidienne pour qu’ils puissent parler vraiment de leurs vécus.  

 

Ainsi, nous voulons faire reconnaître notre identité et notre appartenance au peuple pied-noir et aussi comme pied-noir de gauche, dans une République laïque et démocratique.

 

Nous souhaitons partager avec tous les citoyens cette soif de Liberté, d’Egalité et de Fraternité.

 

 

Le 26 février 2007
 

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